Demandeurs d'asile : vaincre sa peur, tendre la main

Publié le mercredi 1 juin 2016
Rédigé par 
Locale Ecolo Enghien

Crise des migrants : la riche Europe ferme ses portes alors que les pays limitrophes de la Syrie (Turquie, Liban, Jordanie) accueillent quant à eux des millions de réfugiés ! Les migrants voyagent dans la clandestinité et frappent à notre porte… Quel impact pour Enghien ?


Depuis plus de 15 ans, Enghien accueille des demandeurs d’asile sur son territoire. A l’époque, un logement du CPAS a été mis à disposition de Fedasil pour les accueillir. Sans ramdam, sans médiatisation à outrance, Enghien a pris sa part dans l’accueil de personnes qui ont fui la guerre ou la persécution.

Au cours de l’été 2015, l’Europe a vu arriver à ses frontières des dizaines de milliers de demandeurs d’asile fuyant la désolation, les persécutions et les bombes qui font des ravages, aujourd’hui, en Syrie ou ailleurs. Des hommes, des femmes, des enfants sont poussés vers le danger de la clandestinité par une Europe qui refuse d’ouvrir un couloir humanitaire pour leur permettre de déposer une demande d’asile en toute sécurité – tel que l’impose pourtant la Déclaration des droits de l’homme. Que cette demande soit acceptée ou refusée par la suite, pour Ecolo, il importe qu’elle ait pu être déposée dans la dignité.

Chez nous, à Enghien, des habitants se sont manifestés pour faire part de leur disponibilité à aider ces demandeurs d’asile. De son côté, le Gouvernement fédéral a annoncé un plan de répartition entre toutes les communes du royaume. Pour Enghien, ce plan fixait à 19 le nombre (non définitifs) de places d’accueil à créer. Un défi en matière de logement, d’apprentissage du français, de soutien, d’intégration. Et des sanctions à la clé si nous ne prenions pas notre part.

Alors que le CPAS s’est mobilisé et a investi dans des travaux et des frais de personnel pour mettre à disposition les logements demandés, Theo Francken informe à présent par voie de presse que tout ce travail n’était pas nécessaire et qu’il n’enverra pas de demandeurs d’asile dans les logements aménagés par les communes !

Voici ce qui a été mis en place à Enghien depuis janvier 2016:

Mobilisation citoyenne : dès septembre 2015, de nombreux Enghiennois ont sollicité la Ville pour pouvoir apporter leur soutien aux réfugiés. Ici ou ailleurs. Un groupe de soutien a été créé. Grâce à eux, des vêtements et du matériel pour enfants ont été acheminés vers le centre d’accueil de la croix-rouge à Tournai. Par la suite, ils ont pu récolter des meubles et du matériel pour remplir les logements identifiés sur Enghien selon les normes de Fedasil. Deux d’entre eux sont meublés à ce jour, un 3e est en cours d’aménagement.


Logement :
afin de mobiliser le moins possible de logements publics, la Ville d’Enghien a contacté tous les propriétaires d’immeubles inoccupés sur le territoire. Proposition leur a été faite de passer une convention avec Fedasil pour mettre leur logement à disposition des demandeurs d’asile.

Pour anticiper l’accueil des demandeurs d’asile et coordonner le travail, le CPAS a engagé une assistante sociale à mi-temps qui vient renforcer l’équipe en place.

Cours de français : depuis octobre 2015, le service de cohésion sociale de la Ville organise des cours de « français langue étrangère » pour tous les habitants d’origine étrangère de la commune qui souhaitent améliorer leur connaissance du français. Il est proposé aux demandeurs d’asile d’intégrer le groupe. Dernièrement, des citoyens bénévoles ont proposé de prendre en charge certaines heures pour offrir des cours deux fois par semaine.


Et pour le futur?

Les défis restent grands : comment accueillir au mieux les enfants des familles qui arriveront à Enghien? Comment les intégrer dans les écoles? Que mettre en place pour ne pas seulement donner un toit, mais permettre un véritable accueil? Comment favoriser l’intégration des réfugiés une fois leur dossier accepté? Comment les aider à trouver un logement lorsqu’ils devront quitter celui réservé aux demandeurs d’asile? Comment mettre en place le parcours d’intégration bientôt obligatoire en Wallonie?

Ces questions devront trouver réponse. Les idées, les expériences et l’aide de chacune et chacun sera la bienvenue.